Haute Définition

Dimension parallèle

Bonjour, nous recherchons un stagiaire en animation 3D ou VFX. Le stagiaire devra créer des décors, qu’on incrustera à des vidéos. Mais aussi être capable de créer une animation (avec des effet) en guise de générique. Un stage d’un mois rémunéré 400 euros.

Madame, Monsieur,

Diplômée d’un Master de Cinéma depuis cette année, je dois vous avouer que j’appartiens désormais à l’ancienne génération de stagiaires, bidimensionnelle et non rémunérée, n’ayant cotisé ni pour le chômage, ni pour la retraite. Je suis ravie de constater que l’on prend en compte les évolutions technologiques actuelles pour recruter des stagiaires en 3D, qui sont probablement la main d’oeuvre de l’avenir. Depuis quelques années, le stagiaire était trop plat, sans relief, tiraillé entre deux opposés : le monde du travail et celui de l’université. Aujourd’hui grâce aux avancées numériques, j’ose espérer que cette dimension supplémentaire fera valoir notre existence, si discrète jusqu’ici. En effet, j’imagine que le stagiaire du futur sera davantage considéré, ses déplacements seront probablement plus ancrés dans l’espace, sa présence plus forte, il retrouvera de son épaisseur humaine, grâce à la haute définition de son image. C’est pourquoi je vous adresse avec plaisir, joie et conviction, cette candidature qui, je l’espère, retiendra votre attention.

Titulaire du BAFA depuis 2003, je ne vous cache pas mon expérience approfondie dans le domaine de l’animation avec des effets : ateliers divers (effet divertissant), accompagnement d’enfants au cours de sorties culturelles (effet obligatoire), surveillance de cantine (effet d’optique) et mise en place de veillées originales pendant les colonies de vacances (effet spectacle), pour ne citer que mes principales compétences. Je suis donc particulièrement douée pour la création de décors, sans compter que j’ai depuis longtemps exercé la vidéo dans le cadre de mes études, ce qui me vaut une certaine maîtrise technique du matériel concerné. Je vous l’accorde, mon image n’est pas parfaite, et subsistent encore quelques pixels visibles sur mon visage, malgré mes soins pour ne pas trop me compresser.

Je remarque malheureusement que le salaire que vous proposez n’est pas tout à fait en harmonie avec la haute définition que vous exigez de la part de votre stagiaire, et je me demande par conséquent quel détail révolutionnaire la 3D serait en mesure d’apporter. Il me paraît bien évident que la dimension manquante était jusqu’ici celle de l’argent, du salaire, de la reconnaissance. Pouvez-vous me dire en quoi consiste la 3D appliquée au stage, si elle ne permet pas un enrichissement plus conséquent pour la personne intéressée ? Si vous n’êtes pas en mesure de me répondre et que vous utilisez donc la 3D comme un simple produit pour appâter le candidat, j’espère que votre monde de synthèse recevra beaucoup de candidatures virtuelles, à force de nous prendre pour des mouchoirs jetables. En effet, votre poste n’est ouvert que sur une courte période, tout comme la vocation de la technologie 3D si je peux me permettre une telle comparaison : de la poudre aux yeux, une fausse révolution, un mirage optique et divertissant pour assurer au spectateur l’illusion de la vie. Les stagiaires ne sont pas dupes, Madame, Monsieur, ils savent bien qu’ils sont utilisés à court terme pour nourrir vos activités virtuelles.

Bien cordialement.

Sara Fistole.

Saturday night fever

L’entrepôt

Accueillir les artistes et le public les soirs de concert. Accompagner la programmatrice pour la préparation et le suivi administratif des concerts (contrats, factures, déclaration Sacem et CNV…) Le volume horaire a prévoir est de 35h par semaine du Mardi au Samedi, adaptable en fonction de vos emplois du temps a l’exception du samedi. Une Convention de stage est obligatoire. Stage non rémunéré, les repas sont pris en charge les soirs de concerts.

 

Madame, Monsieur,

Âgée de 25 ans depuis plusieurs mois, j’atteins malheureusement bientôt les limites de réductions pour les tarifs de concerts et autres sorties qui sont désormais réservées à une certaine catégorie de la population. C’est pourquoi je vous adresse ma candidature sans vous cacher mon désir de participer à la programmation de vos évènements culturels. En effet, je serais ravie de redécouvrir avec vous les soirées parisiennes, d’autant plus si vous m’offrez la boisson avec la place de concert. Sachez que je suis entièrement disponible tous les samedis des deux mois à venir, n’ayant pas les moyens le week-end de faire autre chose que rien. Sachez également que les avantages caloriques que vous proposez dans votre annonce ne me laissent pas indifférente, et constituent par conséquent une raison majeure à ma candidature.

Madame, Monsieur, j’ai faim et je vous remercie infiniment pour les repas que vous êtes prêts à me faire partager gratuitement les soirs de concerts. J’avais l’habitude à une certaine époque de fréquenter les couscous gratuits de Ménilmontant, mais il restait cependant les frais de boissons à ma charge, sans compter que certains établissements ont dû abandonner ces pratiques solidaires car accusés de ne pas fournir aux autorités leur pourcentage de TVA. C’est pourquoi vos propositions me réchauffent le coeur et me rappellent une certaine générosité humaine que je pensais avoir perdue de vue.

Cependant, et pardonnez d’avance ma remarque, je me demande en quoi consistent les missions auprès de la programmatrice musicale que vous évoquez brièvement. J’imagine qu’elle sait très bien faire son travail toute seule et qu’elle n’a pas besoin d’une personne supplémentaire pour ses tâches administratives, à moins que ce poste de stagiaire ne soit exclusivement réservé à celles-ci? Je vous remercierais de m’expliquer en quoi cette dame aurait besoin d’un(e) stagiaire, ou à défaut, qu’elle exprime elle-même les détails de l’aide qu’elle demande dans un courrier qu’il suffit de m’adresser.

En revanche, je serais parfaitement d’accord pour accueillir les artistes et le public, car je dois vous avouer que j’ai toujours été fascinée par les coulisses des spectacles, n’ayant jamais l’occasion d’y pénétrer. J’aimerais pouvoir un jour approcher certaines stars, voire me faire signer un autographe, ce qui ne serait pas possible dans un autre contexte que celui de votre stage. Cet aspect de votre annonce est tout à fait original et attirant, je trépigne déjà d’impatience de pouvoir visiter les loges, d’observer mon visage épanoui dans ces beaux miroirs entourés d’ampoules, et me remettre de la poudre sur le nez.

Oui, j’ai hâte de contempler ce beau reflet, car je suis convaincue que votre stage est épanouissant. N’importe qui rêverait de voir des concerts sans payer, et de manger gratuitement le samedi soir. D’avoir une activité, plutôt que rien. De travailler 35h par semaine sans être rémunéré, pour ne pas avoir un CV gruyère. De faire des photocopies et imprimer des factures, parce que la programmatrice trouve ennuyeux de le faire. De courir acheter du jambon pour le catering à minuit, parce qu’un chanteur affamé a tout mangé. De consacrer sa vie à son stage, et d’écrire son mémoire de Master la nuit. D’être défoncé par le travail, parce qu’il dépasse largement les horaires prévus. De ne plus pouvoir rien tenir, ni le stage ni les études, et culpabiliser de sa fatigue. De fermer sa gueule et s’estimer heureux, parce que c’est mieux que rien.

Merci, Madame, Monsieur, de nous permettre grâce à votre offre de stage, l’espoir d’un tel épanouissement.J’espère que vous en serez, un jour, récompensés.

Sara Fistole.

Un monde meilleur

Stagiaire de rêve

UN MONDE MEILLEUR est une société de production qui développe des projets atypiques et ambitieux. Aucune expérience, un bon sens du rangement et de l’ordre, des chiffres et de l’organisation. Curieux, cultivé, autonome, drôle et responsable. 420 euros.

Madame, Monsieur,

Etant moi-même atypique et ambitieuse, je pense pouvoir, en toute modestie, correspondre au profil que vous recherchez. En effet, vous remarquerez sans trop tarder que cette présente lettre ne ressemble à aucune autre, et j’entends par là vous convaincre de mon originalité et du caractère unique de ma candidature. Sachez toutefois que n’ai pas l’intention, comme il est d’usage, de me présenter à vous derrière un tissu de mensonges et de prétentions inutiles. Exaspérée par l’absence systématique de réponse de la part des employeurs, je préfère être honnête, même si cette qualité peut parfois être désagréable à certains.

Contrairement à de nombreuses autres sociétés, je constate que vous ne recherchez pas un étudiant sur-diplômé qui en plus d’être trilingue aurait eu l’expérience de tous les postes dans l’audiovisuel, depuis le casting jusqu’au montage en passant par la régie. J’apprécie votre simplicité. Malheureusement, je pense être bien trop expérimentée pour correspondre parfaitement à votre poste, étant donné que j’ai déjà eu l’occasion de faire plusieurs stages dans l’audiovisuel. Dans un monde meilleur, ils auraient débouché sur un emploi. Ce n’est pas le cas.

En toute sincérité, je vous avoue par ailleurs que je n’ai ni le sens de l’ordre, ni celui du rangement et encore moins celui des chiffres, ces contraintes étant plutôt à l’opposé de mes ambitions. J’aime le désordre, j’ai besoin de le créer et de me mouvoir dedans. Je hais les chiffres, ils jouent rarement en ma faveur et remettent souvent en cause mes activités. Je ne comprends pas en quoi ils seraient indispensables pour ce stage, puisque dans un Monde Meilleur il me semble, les chiffres n’existeraient pas. Encore moins celui de 420 euros, car étant inférieur au SMIC, il mériterait d’être considéré comme illégal. Ce jour viendra.

Mais dans notre monde moins pire que le pire mais pire que meilleur quand même, on réclame, encore et toujours, des stagiaires. Des stagiaires motivés, enthousiastes, curieux, autonomes, discrets, doués, drôles, disponibles, beaux, souriants, respectueux et responsables. Mais responsables de quoi ? D’être jeunes au mauvais moment, je crois. Il est certain que dans un monde meilleur, tous les stagiaires formeraient un bloc pour refuser en masse les annonces de stages, qu’elles soient légitimes ou pas, qu’elles soient pires ou meilleures que les autres. Je vous prie par conséquent de bien vouloir accepter mon refus à votre poste, pour toutes les raisons que j’ai citées plus haut, et bien d’autres encore.

Dans l’attente d’un monde meilleur,

Sara Fistole.

Rêve brisé

Pauvre Père Noël :

Monsieur,

Je vous écris pour vous faire part du traumatisme que m’a provoqué la découverte de votre annonce, et de la cruauté dont vous faites preuve en recherchant vingt postes de pères Noël, qui plus est : dans le Maine et Loire. L’enfant qui subsiste en moi ne peut que vous en vouloir, et je ne saurais vous pardonner de détruire ainsi le peu d’innocence qui me restait jusqu’à la lecture de votre texte. Ainsi, le plus beau métier du monde, le plus utile et le plus nécessaire actuellement, serait payé 15 euros net de l’heure ? Cette idée m’est insupportable, et je suis bouleversée par la façon dont vous traitez celui qui se démène corps et âme pour distribuer des cadeaux dans des conditions aussi difficiles. Pourriez-vous me dire comment le Père Noël, de par ses voyages à travers le monde, saurait se satisfaire des 50 euros d’indemnités kilométriques que vous lui proposez ? Comment financer la location du traîneau et l’entraînement des rennes, les frais d’entretien et la main d’oeuvre des lutins qui travaillent dur pendant ces longues nuits d’hiver? Il me semble que vous sous-estimez largement ce travail, d’autant plus que le Maine et Loire n’a jamais été la résidence principale du Père Noël : il faut également songer au prix des aller-retours au siège de l’usine des cadeaux qui se trouve en Laponie. De même, depuis quand faut-il un permis B pour se déplacer dans les nuages? Monsieur, vous brisez mes rêves.

Comment accepter, après tout ce temps où vous, adultes sans coeur, nous avez fait croire qu’un seul Père Noël sillonnait les cheminées, bravant les fuseaux horaires, quittant sa Laponie natale au service de l’humanité, que vingt personnes puissent remplir cette mission ? Qui reçoit donc nos lettres, depuis la nuit des temps, s’il y a en réalité au moins vingt Pères Noël ? Seraient-ils les esclaves d’une sombre entreprise tentant de rivaliser avec lui ? Ou bien le Père Noël a-t-il lui-même fait appel à vos services pour combler le manque de moyens et d’effectifs ? Je refuse de croire qu’il serait à l’origine d’une telle démarche, et je vous soupçonne d’utiliser son image pour réaliser des profits. J’espère de tout coeur que ce n’est pas le cas, et je vous remercierais de m’en assurer au plus vite, au nom de tous les enfants de la Terre.

Monsieur, je vous avoue que je suis désemparée par ces tristes nouvelles, et que je vous serais reconnaissante de m’expliquer les vraies raisons de cette annonce. Quitte à ce que mes rêves dégringolent de plus belle, je suis prête à entendre la vérité, au risque que celle-ci soit encore plus noire. Je préfère savoir que des milliers de Pères Noël à travers le monde ne sont que des personnes comme vous et moi qui se présentent chaque matin à leur agence d’intérim (ce serait pour moi la pire des révélations), plutôt que de continuer à vivre dans un tel mensonge. J’ai besoin de ces vérités pour faire le deuil de mon insouciance, si jamais elle devait disparaître. Je vous en prie dites-le moi, quels abominables secrets se cachent donc derrière Noël ?

Sachez que nous n’avons plus d’autre choix, en ces temps difficiles, que de croire à nouveau en la magie perdue des jours de fête, et nous nous accrochons tant bien que mal à la figure du Père Noël comme seul espoir d’une vie meilleure. Après douze mois de galères et de lettres de motivation sans réponse de l’autre monde, nous attendons avec impatience la nuit du 24 décembre où seul le Père Noël aura entendu notre plainte et nous enverra cette maigre consolation d’un cadeau, parfois minuscule, mais nécessaire. Pour retrouver foi en la vie, pour nourrir notre courage, pour avancer, malgré tout. Voilà tout ce qui nous reste : un peu d’espoir, et un joyeux Noël.

En vous remerciant pour votre compréhension et dans l’attente d’une réponse à la hauteur de mes craintes, je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de ma plus sincère tristesse.

Sara Fistole.

Erreur 404

Community Manager

Employeur : 404 création. Vous voulez prendre part à un projet enthousiasmant. Faire respecter les règles éthiques de la communauté par la modération des contenus produits par les internautes.Rappeler les règles de bonne communication.Vous avez une connaissance du marketing online, d’Internet 2.0, des blogs et des réseaux sociaux que vous utilisez quotidiennement. Qualités indispensables : Rigueur, sens de l’organisation, curiosité et bonne humeur. Rémunération : non. Convention de stage : Oui.

Madame, Monsieur :

Etant tombée par erreur sur votre annonce, je tenais à vous faire part de mes impressions => je dois vous avouer que le temps que je consacre à cette réponse = des conséquences non négligeables sur mes recherches d’emploi. C’est pourquoi je me permets de faire au plus vite. Voici donc le détail de ma candidature : j’espère qu’elle retiendra votre attention.

Compréhension de l’annonce : non.
Connaissances en marketing : pas intéressée.
Profil : classique.
Parcours : long.
Diplômes : plome.
Qualités : 8.
Défauts : néant.
Enthousiasme : toujours.
Rigueur : oui.
Communication : me contacter.
Curiosité : beaucoup.
Physique : normal.
Mental : solide.
Internet 2.0 : dictionnaire.
Réseaux sociaux : trop.
Disponibilité : demain.
Convention de stage : erreur.
Emploi : mirage.
Rémunération : ?
Ethique : zéro.

En vous remerciant par avance de la réponse que vous voudrez bien apporter à ma candidature, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur : mes sentiments distingués.

Bien cordialement,

=> Sara Fistole.

Méritez-moi

Assistant qualité et écoute clients

Vous collaborez aux activités de l’équipe en assurant un soutien auprès des acteurs de la Vente dans la Démarche d’Excellence de la Relation Clients, en assurant la maintenance des informations disponibles en lignes dans les CRM et en contribuant à la rédaction des documents relatifs aux processus.

Madame, Monsieur,

Disposant d’un forfait illimité vers tous les opérateurs depuis plusieurs mois, je suis désormais très expérimentée en termes de qualité et d’écoute. Grâce à Orange, j’ai pu développer ces compétences de communication et je considère ce forfait comme véritable révélateur de ma valeur ajoutée. De plus, n’ayant pas d’activité, je passe une grande partie de mon temps au téléphone, ce qui ne cesse de perfectionner ma disponibilité et d’enrichir mon temps de parole. En effet, mes conversations s’améliorent de jour en jour et je suis capable de fournir toutes sortes de conseils à mes amis ou de rassurer mes parents quant à mon avenir, ce qui traduit, vous vous en doutez, une grande diversité de vocabulaire et d’idées. De plus, je me permets de vous préciser que le orange est ma couleur préférée, ce qui ne manquera pas d’attirer votre attention, j’en suis certaine.

C’est pourquoi je vous adresse ma candidature de qualité et d’écoute, en espérant que celle-ci vous séduise, et que vous soyez convaincus par son originalité. Cependant, sachez que je n’ai aucune expérience de commerce ou de communication, mais la force de ma détermination saura remplacer les apports théoriques dont je n’ai pas bénéficié. En effet, je crois sincèrement à l’expérience pratique du téléphone, et je suis convaincue que l’exercice sur le terrain reste la meilleure qualité pour un prétendant à votre poste qui, sous ses allures compliquées et savantes, reste un stage, rappelons-le.

A ce propos, j’aimerais vous adresser toute ma reconnaissance quant au salaire supérieur à 800 euros que vous proposez, même si j’aurais préféré connaître le montant exact. Croyez-moi, les chiffres de mes factures sont bien plus précis et j’aurais besoin de savoir à l’avance si j’aurai les moyens de les payer. Par ailleurs, vous restez tout à fait mystérieux sur les avantages en nature que peuvent apporter un tel poste : j’imagine que tous vos stagiaires disposent d’un téléphone avec forfait gratuit, en plus d’un accès à internet offert, voire un ordinateur portable (de préférence Mac Book Pro pour ma part) afin d’être opérationnels.

Je dois impérativement connaître tous ces éléments avant de valider ma candidature à votre poste, et j’aimerais que vous puissiez me répondre très vite afin que je mesure les inconvénients et les avantages en comparaison à d’autres postes qui m’intéressent également. Je vous assure que l’on s’arrache ma candidature entre responsables DRH des grandes entreprises, et que je suis donc en droit d’accepter le plus offrant. Je vous demande ainsi de bien réfléchir et de soigner votre avis sur mon profil et de répondre à mes questions afin de ne pas me contrarier. Mon réseau téléphonique étant très étendu comme vous avez pu le comprendre, je me verrai bien obligée dans le cas contraire d’entacher votre réputation et de déplacer mon abonnement vers un autre opérateur. Les clients sont rois et vous avez tout intérêt à accepter mes exigences.

En vous remerciant pour votre compréhension et dans l’attente d’une réponse satisfaisante de votre part, je vous prie d’accepter, Madame, Monsieur, toute ma plus sincère considération.

Sara Fistole.

Régime

Chargé de festival indispensable

Le stagiaire effectuera les inscriptions et le suivis des courts métrages en festivals, indispensables pour la vie de ceux-ci. Stage inférieur à 2 mois. Nous cherchons quelqu’un d’autonome, dynamique, organisé et motivé. Une maîtrise du pack office (sous PC) est souhaitée ainsi que de l’anglais. Salaire envisagé : indemnité de repas à hauteur de 5€ par jour.

Madame, Monsieur,

Expérimentée en court-métrages, je connais parfaitement les outils d’inscription pour les festivals, ce qui me paraît d’emblée être un atout pour postuler à votre annonce. De plus, le pack office n’est pas un secret pour moi, et l’anglais, première langue mondiale, est absolument indispensable à la vie des court-métrages pour leur diffusion internationale. Je serais ainsi ravie de leur assurer l’existence qu’ils méritent mais que peu de gens comprennent, en raison de leurs préoccupations très éloignées du petit monde des sociétés de production. En effet, je regrette que ces courts formats soient si méconnus et que leur vie dépende principalement de leur diffusion en festivals, souvent fréquentés par une poignée de professionnels accrédités mais moins attirants pour le public normal.

Sachez par ailleurs que j’ai le sens du sacrifice, et que pour permettre à un court-métrage de trouver ses spectateurs potentiels, je serais prête à donner de mon temps et de mon énergie. J’imagine à quel point il est difficile pour vous de consacrer votre travail à cette lourde tâche pour seulement cinq euros de nourriture par jour, et je vous trouve bien courageux de réduire ainsi vos calories pour nourrir les chances de diffusion des court-métrages. Je serais heureuse de rejoindre votre équipe au service d’une si belle action. A moins que cette indemnité ne soit exclusivement destinée au stagiaire que vous souhaitez actuellement recruter, ce qui, dans ce cas, serait absolument méprisable de votre part. Cela voudrait dire en effet que le seul stagiaire serait puni des mauvais résultats et se verrait obtenir cinq euros pour ses bons et loyaux services ! Ce ne serait pas acceptable. Lui jeter des cacahuètes à la figure reviendrait au même, si je peux me permettre une telle remarque. Mais j’ose espérer que chaque membre de votre société touche ce même salaire équitable pour tous, car, dans le cas contraire, je trouverais cette pratique non seulement scandaleuse, mais aussi humiliante.

Imaginez un instant ce que pourrait faire ce stagiaire avec ses cinq euros quotidiens, pendant que ses supérieurs iraient prendre du bon temps au restaurant. Il aurait peut-être tout juste de quoi acheter une formule sandwich étudiant, et serait probablement obligé de rallonger de sa poche les centimes manquants. Mais heureusement, je suis quasiment certaine que ces mesures de restriction sont appliquées à chacun, car dans cette grande et belle famille du cinéma, tout le monde partage ses peines et doit le respect à son prochain, dans la joie et la bonne humeur pour que vivent les films et que perdure la beauté de l’art.

Cependant, si par malheur j’avais dû me tromper sur les destinataires de cette indemnité de cinq euros que vous appelez salaire, je serais non seulement obligée d’oublier immédiatement cette annonce qui aura failli me faire rêver, mais je serais également forcée, au nom de tous mes camarades stagiaires d’ici et d’ailleurs, de vous dénoncer auprès des syndicats et d’entreprendre contre vous les démarches nécessaires pour rétablir la justice. Dans ce cas, peut-être auriez-vous intérêt à contacter Les Restos du Coeur pour un potentiel partenariat.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de ma vive curiosité quant aux précisions que vous voudrez bien apporter à votre annonce. Bien cordialement,

Sara Fistole.

Un jeune dans la tourmente

Chers lecteurs, 

J’ai reçu le courrier ci-dessous en réponse à ma lettre intitulée Discrimination Vestimentaire, à destination de Polaris Films. Vous vous souvenez, je parlais de casquette pour la régie et de l’intérêt des stages dans l’audiovisuel. Pour la première fois depuis la création de ce blog, j’ai enfin reçu une réponse! Je m’empresse de vous la faire partager, en laissant intactes les fautes d’orthographe. Et pour faire durer le plaisir, je vous fais part de la réponse que je lui ai donc renvoyée, afin de le rassurer. Si vous souhaitez lui envoyer vos messages de soutien, je peux vous transmettre son adresse e-mail. Attention, moteur, action.

Bonjour,

En lisant ton mail je me suis dis que j’allais t’appeler directement, mais tu n’as pas osé laisser ton numéro de téléphone. Tant pis.

Je suis l’actuel stagiaire de Polaris Film et je suis au regret de t’informer qu’une petite structure (2 personnes dans un bureau de 15m2) comme celle ci n’a pas d’autres choix que de faire appel à des stagiaires. Ton ressenti vis à vis d’un stage en production se borne à des structures plus grandes ou chaque poste à des responsabilités bien définis. Dans les structures plus modestes (beaucoup plus modeste) comme la notre, j’ai accès aux mêmes informations que le producteur lui même. J’ai des responsabilités qui dépasse de loin le fait de coller un timbre sur une enveloppe. Encore que cela ne représente pas pour moi une tache ingrate car celle ci doit être fait si on veut que le projet avance.

Ta démarche est finalement très prétentieuse et si tu prétends vouloir travailler dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel, il va falloir faire preuve d’un peu plus de flexibilité. Tu as le droit de pense tout savoir. Et si tu sais tout, tu aurais raison de penser devoir être payé. Mais ce n’était pas mon cas en arrivant chez Polaris. J’ai beaucoup appris au contact de mes maitres de stage qui ont pris sur leur temps pour m’expliquer ce que j’avais besoin de savoir pour faire mon travail correctement. C’est comme ça que le monde du travail fonctionne.

Le fait que tu ai du prendre ta journée pour écrire ce mail (au lieux de travailler, soit dit en passant) que tu auras surement mis en copier/coller à toutes les annonces de Profil Culture me fait dire que tu dois être de ceux qui bloquent la place de la république régulièrement et qui empêchent ceux qui se sortent les doigts d’aller trimer pour s’en sortir. Tu te complait dans la défense de tes droits alors que tu n’assume pas tes devoirs. Tu n’as pas encore de statut, ni de mérite, ni rien qui puisse te permettre de justifier ta lutte si ce n’est des refus d’embauche qui t’on frustré. Mais dans ce cas, révise ton attitude avant d’aller à ton prochain entretien. Ca ira mieux.

PS: Ta connerie m’aura fait perdre une heure de boulot. Merci.

Voici donc ma réponse :

Cher camarade stagiaire,

J’entends ta détresse et je comprends ta situation. Sache que j’ai appris à lire entre les lignes et ton message montre que nous avons encore du chemin à parcourir pour sauver les stagiaires de l’emprise de leurs bourreaux. J’en suis fort attristée une fois de plus mais avec un peu de détermination, nous y arriverons. Je sais que ton supérieur t’observe et surveille ton courrier car il ne pourrait y avoir de secret au sein de votre société. Ce mécanisme est malheureusement courant et sert à te prendre en otage pour t’empêcher de fuir, et rester ainsi au service de tes maîtres. Je connais bien ce fonctionnement et je suis navrée de voir à quel point critique nous en sommes arrivés, obligés de s’exprimer à double sens pour communiquer, pour ne pas se faire piéger. 1984 nous a rattrapés, je pense à Orwell et sa double pensée.

Je n’ose imaginer comme ça te coûte d’écrire ainsi le contraire de ce que tu penses, et pousser tes phrases jusqu’au ridicule : l’image de la place de la République est en effet symbole de terreur et de haine pour ceux qui profitent des faibles. Si leurs bureaux en venaient à brûler, pris d’assaut par d’abominables enragés brandissant leur drapeau rouge un couteau entre les dents ? Ils ont peur, cher Robin, et c’est pour nous déjà, une première marche vers la victoire.

Je perçois l’immensité de ton désespoir, coincé derrière cet écran, à devoir écrire de telles bêtises dignes des derniers discours de Jean-François Copé. Au point de laisser croire à ton employeur, pour le rassurer, que tu n’es pas du même bord, que tu n’appartiens pas à ceux de ton espèce, nous, les jeunes précaires ! Sache que je serai là pour t’écouter, si tu en ressens le besoin, pour évacuer ce comportement absurde imposé par la dure loi du travail. Je peux lire à travers le « Merci » qui clôture ton mail toute la sincérité d’un jeune homme désemparé. Je t’encourage à solliciter de l’aide pour te sortir de cette spirale, même si je suis consciente que le monde extérieur n’est pas si attirant. Tu as probablement des promesses d’embauche et tu espères les mériter, ce qui me paraît tout à fait louable. La boucle est bouclée.

J’ose espérer qu’un jour le milieu du cinéma te sera redevable, pour toute la générosité dont tu fais preuve, en plus d’un grand courage. Ton tour viendra d’être maître plutôt qu’esclave, et ta flexibilité, ta disponibilité, ton sens de l’obéissance et de la soumission seront forcément récompensés. Ainsi fonctionne le travail, dans cette logique absurde de séduire la hiérarchie pour accéder à son tour au pouvoir. Je suis certaine que ton avenir te rendra justice, et que tu retrouveras un jour, enfin, un visage humain.

Je te souhaite bien du courage et je t’adresse tous mes voeux de réussite dans le monde du vrai travail qui t’ouvrira ses portes de l’autre côté du stage. N’hésite pas à me contacter si tu as besoin de parler, en attendant ce futur proche et presque irréel d’avoir enfin une place dans la société.

Avec toute ma solidarité,

Sara Fistole.

Dernière minute! voici la réponse de l’intéressé : 

Ta réponse dépasse l’entendement. A force de vouloir lire entre les lignes tu ne lis plus les lignes elle même ! La parano qui habite tes propos en est presque navrante. Mes supérieurs ont autre chose a foutre que d’éplucher les mails que j’envoi et que je reçois. D’autant que je gères toutes les boites mails de la boite donc non, ta théorie du stagiaire qui écris en double sens tombe a l’eau. Il va falloir te faire a l’idée que d’autres jeunes puissent avoir des avis différents du tien ! C’est mon cas. Je suis libérale et je vote a droite. Pas parce que mes « maitres » me suivent dans l’isoloir, mais parcequ’il s’agit de mes convictions.

Restons en la, tu n’arrivera pas a m’imposer ton point de vue et je ne cherche pas a imposer le mien.

Tu remarqueras au passage que je t’écris de mon mail perso et que celui ci n’est surveillé par personne. Mais je suis sur que tu vas me dire que Big Brother est partout donc bon…

Adieu

Sent With Iphone

Pour l’amour du livre

Stage idéal

Vos objectifs : présenter et vendre les nouveautés et le fonds Pléiade aux clients en quête du cadeau de Noël idéal. 1 journée de formation est prévue le mardi 23 novembre : visite de l’atelier de reliure Pléiade, rencontre avec l’éditeur, formation commerciale et marketing. 16 décembre – 24 décembre compris. 420 euros pour 8 jours.

 

Madame, Monsieur,

C’est avec un soulagement infini que je vous adresse ma candidature, après de nombreuses recherches infructueuses dans le domaine du livre. En effet, je dois vous avouer que la période que vous proposez pour ce stage correspond exactement à mes disponibilités et que, si vous êtes satisfait de mon travail, je serai d’accord pour prolonger le contrat au delà du 24 décembre, n’ayant pas d’horizon professionnel pour l’instant, ni de revenus suffisants pour aller passer Noël en famille à ces dates.

Passionnée de lecture et d’écriture, j’ai appris à lire de façon tout à fait précoce à l’âge de trois ans, notamment grâce à la collection Pléiade dont le papier si fin et onctueux a été l’une de mes premières motivations pour déchiffrer les mots délicats qui étaient inscrits sur la douceur de ces pages. Après avoir sauté deux classes et déclarée surdouée par la maîtresse d’école, j’ai rapidement accédé à un baccalauréat littéraire, sans mention cependant, en raison de mes absences régulières aux cours. En effet, j’avais décidé de passer mon temps à lire en dehors du lycée car il me semblait que l’assiduité scolaire était une perte de temps comparé à toute la richesse intellectuelle que m’apportaient les livres. Pour tout vous avouer, j’ai régulièrement volé toutes sortes de livres dans les librairies, n’ayant pas assez d’argent de poche pour les acheter, en plus du budget accordé aux cigarettes qui s’avéraient indispensables en période d’examens.

Mais pour en revenir plus précisément à ma candidature, je suis particulièrement intéressée par la formation que vous proposez en commerce et marketing. En raison de mes fréquentes expériences en tant que voleuse, cette mise à niveau me paraît tout à fait complémentaire pour mon parcours, et je serais curieuse d’étendre mes compétences au plus haut niveau, en l’occurrence celui de la Pléiade. J’ose espérer qu’à une telle échelle, la sécurité est largement assurée en termes de vol, et je serais ravie d’être ainsi protégée par Gallimard de mes éventuels dérapages. Je viens de retrouver ce livre sur mon étagère :

A ce propos, je n’ai pas de regret particulier concernant ces vols passés et à venir, quand on voit à quel point vous profitez des conventions de stages pour assurer la promotion de votre collection. J’imagine les beaux bénéfices que vous développerez pour votre Noël, en ne payant pas les charges des stagiaires promoteurs grâce à cette gratification de 420 euros nets. Pourrait-on, à ce prix, se servir dans les rayons au titre symbolique du Noël des stagiaires ?

Si je peux me permettre une suggestion, il me semble avoir entendu que le Père Noël lui-même était actuellement au chômage, car en ces périodes de crises répétées, il distribue de moins en moins de cadeaux, les parents sont pauvres et ne l’embauchent plus pour ses missions à travers le monde. Vous pourriez directement lui adresser votre annonce, et sûr que ses petits lutins se feront un plaisir de vendre les exemplaires de la Pléiade, à Paris et en province. Peut-être même gratuitement, pour la beauté du geste au service d’une telle édition de prestige.

En vous souhaitant bon courage dans vos recherches et bon voyage en Laponie, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, toutes mes salutations les plus sincères. J’espère que vous transmettrez le bonjour de ma part au Père Noël, que j’ai perdu de vue depuis un certain temps.

Sara Fistole.

Devoir de Mémoire

Stagiaire photothèque

La photothèque du Mémorial de la Shoah possède un très grand nombre de photos des victimes de la Shoah en France. Le travail consiste à les identifier et à rechercher leur parcours à travers des bases de données disponibles au Mémorial. Sur la base de 424 euros pour un plein temps, chèques déjeuner, remboursement Navigo.

Madame, Monsieur,

Diplômée d’un Master 2 d’Etudes cinématographiques, je connais surtout l’histoire de la Shoah à travers le film de Claude Lanzmann. Cependant, mes origines juives m’ont toujours poussée à m’y intéresser davantage, d’autant plus que mon arrière-grand père résistant fut déporté dans un camp où il trouva la mort. Comme il était philosophe, je ne peux que lui rendre hommage dans cette présente lettre que je vous envoie en guise de candidature, même si son nom ne figure pas sur le mur du Mémorial.

Je trouve qu’il s’agit là d’une belle mission que de retracer le parcours des victimes de la Shoah, d’associer des noms aux visages anonymes, et ainsi de les sauver des abimes de l’oubli. Beaucoup s’y sont attelés, en souvenir de leur famille ou simplement dans le cadre de recherches historiques, et le travail d’archiviste exigé par une telle mission doit être extrêmement difficile et éprouvant.

Dans le camp de concentration où il a été déporté, mon arrière grand-père a travaillé comme tant d’autres prisonniers sous les ordres des nazis, menacé chaque seconde par le froid et les fusillades. En échange de son labeur et pour le maintenir à l’état de survivant, on lui jetait quelques bols de « soupe » à la figure. La philosophie et la religion l’ont probablement aidé à tenir aussi longtemps, même si le mystère insondable de sa mort l’a emporté dans une fumée noire. Jusqu’au dernier instant de sa vie, mon arrière grand-père a dû nourrir son esprit de philosophie, et s’il était resté en vie, il aurait peut-être inventé la formule de Hannah Arendt : « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal ».

Parfois, je l’imagine vivant auprès de moi et j’entends ses réflexions à propos de notre société et ses travers. Par exemple et parce que cela me concerne, les jeunes diplômés d’aujourd’hui en sont réduits à accepter des stages pour éviter le chômage. Parce que les jeunes sont ainsi devenus légalement rentables, les entreprises les maintiennent dans un état de faiblesse nécessaire à la bonne santé des chiffres d’affaires. Ainsi, ils mourront de faim et ils n’auront pas le choix, obligés de travailler pour un tiers du SMIC. Mon arrière grand-père m’aurait sûrement expliqué qu’il s’agit-là d’un mécanisme économique alléchant pour conserver le pouvoir, et que les entreprises finiront par se créer des besoins en stages là où il n’y en a pas, dans le but de multiplier leurs profits.

Je ne suis pas certaine que mon arrière grand-père m’aurait encouragée à postuler à votre annonce, étant donné que vous contribuez vous-mêmes, et comme tant d’autres, à insérer les jeunes dans la misère. Grâce aux 424 euros par mois que vous leur donnez en guise de gratification, vous leur proposez tout juste de survivre, comme s’ils n’avaient pas les mêmes besoins que les autres hommes. Que voulez-vous faire de 424 euros à Paris comme ailleurs ? Face à ce salaire humiliant, nous sommes bien obligés de nous soumettre. Cette soumission arbitraire et forcée nous enlève chaque jour un peu de notre humanité, réduits à l’état de mendiants du travail payé. Ce n’est pas parce que cette loi existe qu’elle est juste, il me semble que l’Histoire l’a souvent démontré.

Par respect pour mon arrière grand-père, mon devoir de mémoire m’impose finalement d’écarter toute candidature à votre poste, malgré tout l’intérêt que j’y porte pour des raisons évidentes. De même que, par respect pour moi-même, je ne pourrais supporter le paradoxe de travailler presque gratuitement pour contribuer à la sauvegarde de la mémoire de la Shoah.

En vous remerciant pour votre compréhension, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Sara Fistole.