Ambiance de folie

Salut Gwen  !

Permets-moi de te tutoyer, ainsi que tu le proposes dans ton annonce ! Je pense que dans l’animation nous sommes tous jeunes, cool et de bonne humeur, et que le vouvoiement serait donc un peu trop lourd et sérieux entre nous ! Je suis très heureuse de postuler à ton annonce qui m’inspire une motivation énorme pour être la personne qu’il te faut  !

Pour me présenter, je suis une fille super sympa et très drôle ! Titulaire du BAFA depuis 2003, l’animation m’est tout de suite apparue comme une véritable vocation et mes expériences ne m’ont jamais déçue par la suite  ! Pour mon stage d’approfondissement, j’ai choisi de me spécialiser dans le domaine de la boum et des jeux en centres de vacances ! Je suis donc très expérimentée en veillées, sonos DJ et lumières, balles au prisonnier, grands jeux et Loup Garou autour du feu, mon activité préférée, en faisant fondre des chamallows bien sûr  !

De plus, comme je ne lâche jamais ma guitare et mon diapason rouge, je suis capable d’égayer une journée morose par de multiples coupures musicales et enchantées  ! Les enfants m’adorent et me réclament la chanson du Matou plusieurs fois par jour, ma spécialité  ! Je fais partie de ces animateurs survoltés qui ne se lassent jamais de la cacophonie de la cantine, des nuits de réunion interminables, des sorties au zoo et des activités très chères qu’on n’a jamais l’occasion de pratiquer dans un autre contexte ! Par exemple, l’accro-branches a été une véritable découverte que mes parents ne m’auraient jamais offerte, et j’en garde un souvenir exceptionnel  ! Je suis impliquée à fond dans mon rôle et mes responsabilités car contrairement aux apparences, je pense que l’animation est un vrai métier  ! Ce n’est pas parce que les animateurs sont toujours heureux de vivre qu’ils ne sont pas travailleurs, bien au contraire  ! C’est la beauté de ce métier qui les fait se lever chaque matin, ou même poursuivre leur nuit blanche  ! Car, malgré leur énergie inépuisable, les animateurs ne dorment jamais, d’où leurs erreurs parfois !

Par exemple, un jour où je n’avais pas trouvé le temps de dormir à cause d’un collègue qui m’avait versé un sceau d’eau entier sur la tête en guise de bizutage, je me suis trompée en comptant les enfants pour l’activité du matin, et j’en ai oublié un  ! Le pauvre est resté toute la journée dans le centre déserté, à pleurer à chaudes larmes  ! Je pense qu’un animateur doit être réactif, perpétuellement réveillé, à l’affût des dangers et toujours disponible, car même la vie des enfants peut être en jeu ! Mais comme tu le dis toi-même, il faut aussi savoir les mater tout en restant pédagogue, un qualificatif qui me correspond particulièrement ! Ce qui n’empêche pas une super ambiance, évidemment  !

C’est pourquoi je trouve que le salaire que tu proposes de 176 euros pour 8 jours, ça envoie du lourd ! 22 euros par jour sans pause ni nuit de repos pour animer un séjour de folie  ? Un euro de l’heure pour 22 heures de travail ? Je dis OUI, trois fois OUI, pour être payée à vivre cette expérience exceptionnelle ! CAR POUR LE BIEN-ÊTRE DES ENFANTS, LEUR EPANOUISSEMENT PERSONNEL ET LA QUALITE DE LEURS VACANCES, DONNONS LE MEILLEUR DE NOUS-MÊMES, DE NOS RESSOURCES ET DE NOTRE IMAGINATION POUR PAS UN ROND ! N’AYONS PAS PEUR DE BRADER LE METIER D’ANIMATEUR AU RISQUE DE LE FAIRE PASSER POUR UN GUIGNOL, CE QU’IL EST DE TOUTE FAÇON AU REGARD DE TOUS, NOTAMMENT GRACE À TOI ET TON ANNONCE !

Cher Gwen, même en forme, je reste fatiguée de croiser des offres comme la tienne, et je compatis au sort des futurs enfants qui seront épuisés d’avance par cette pédagogie de la dynamite. Merci pour eux.

Sara Fistole.

Rêve brisé

Pauvre Père Noël :

Monsieur,

Je vous écris pour vous faire part du traumatisme que m’a provoqué la découverte de votre annonce, et de la cruauté dont vous faites preuve en recherchant vingt postes de pères Noël, qui plus est : dans le Maine et Loire. L’enfant qui subsiste en moi ne peut que vous en vouloir, et je ne saurais vous pardonner de détruire ainsi le peu d’innocence qui me restait jusqu’à la lecture de votre texte. Ainsi, le plus beau métier du monde, le plus utile et le plus nécessaire actuellement, serait payé 15 euros net de l’heure ? Cette idée m’est insupportable, et je suis bouleversée par la façon dont vous traitez celui qui se démène corps et âme pour distribuer des cadeaux dans des conditions aussi difficiles. Pourriez-vous me dire comment le Père Noël, de par ses voyages à travers le monde, saurait se satisfaire des 50 euros d’indemnités kilométriques que vous lui proposez ? Comment financer la location du traîneau et l’entraînement des rennes, les frais d’entretien et la main d’oeuvre des lutins qui travaillent dur pendant ces longues nuits d’hiver? Il me semble que vous sous-estimez largement ce travail, d’autant plus que le Maine et Loire n’a jamais été la résidence principale du Père Noël : il faut également songer au prix des aller-retours au siège de l’usine des cadeaux qui se trouve en Laponie. De même, depuis quand faut-il un permis B pour se déplacer dans les nuages? Monsieur, vous brisez mes rêves.

Comment accepter, après tout ce temps où vous, adultes sans coeur, nous avez fait croire qu’un seul Père Noël sillonnait les cheminées, bravant les fuseaux horaires, quittant sa Laponie natale au service de l’humanité, que vingt personnes puissent remplir cette mission ? Qui reçoit donc nos lettres, depuis la nuit des temps, s’il y a en réalité au moins vingt Pères Noël ? Seraient-ils les esclaves d’une sombre entreprise tentant de rivaliser avec lui ? Ou bien le Père Noël a-t-il lui-même fait appel à vos services pour combler le manque de moyens et d’effectifs ? Je refuse de croire qu’il serait à l’origine d’une telle démarche, et je vous soupçonne d’utiliser son image pour réaliser des profits. J’espère de tout coeur que ce n’est pas le cas, et je vous remercierais de m’en assurer au plus vite, au nom de tous les enfants de la Terre.

Monsieur, je vous avoue que je suis désemparée par ces tristes nouvelles, et que je vous serais reconnaissante de m’expliquer les vraies raisons de cette annonce. Quitte à ce que mes rêves dégringolent de plus belle, je suis prête à entendre la vérité, au risque que celle-ci soit encore plus noire. Je préfère savoir que des milliers de Pères Noël à travers le monde ne sont que des personnes comme vous et moi qui se présentent chaque matin à leur agence d’intérim (ce serait pour moi la pire des révélations), plutôt que de continuer à vivre dans un tel mensonge. J’ai besoin de ces vérités pour faire le deuil de mon insouciance, si jamais elle devait disparaître. Je vous en prie dites-le moi, quels abominables secrets se cachent donc derrière Noël ?

Sachez que nous n’avons plus d’autre choix, en ces temps difficiles, que de croire à nouveau en la magie perdue des jours de fête, et nous nous accrochons tant bien que mal à la figure du Père Noël comme seul espoir d’une vie meilleure. Après douze mois de galères et de lettres de motivation sans réponse de l’autre monde, nous attendons avec impatience la nuit du 24 décembre où seul le Père Noël aura entendu notre plainte et nous enverra cette maigre consolation d’un cadeau, parfois minuscule, mais nécessaire. Pour retrouver foi en la vie, pour nourrir notre courage, pour avancer, malgré tout. Voilà tout ce qui nous reste : un peu d’espoir, et un joyeux Noël.

En vous remerciant pour votre compréhension et dans l’attente d’une réponse à la hauteur de mes craintes, je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de ma plus sincère tristesse.

Sara Fistole.

La chasse au grand gibier

Offre d’emploi de Rédacteur spécialisé en chasse 

Profil recherché : – une parfaite maîtrise de la langue française, une connaissance exemplaire du monde des chasseurs et des grands gibiers (sangliers et cervidés), un bon sens de la communication et la capacité à coordonner une équipe de rédacteurs, de la rigueur et une grande réactivité Salaire non communiqué.

Madame, Monsieur,

Spécifiquement carnivore depuis ma plus tendre enfance, je dois vous préciser que j’ai également grandi en Bretagne, terre des sangliers et cervidés. Lorsque nous partions à la chasse avec mon petit frère, nous pouvions reproduire tous les sons de la nature afin d’attirer le grand gibier pour le capturer. Armés d’un bâton et d’un chien dressé pour la chasse, nous avons appris très tôt toutes les techniques d’approche et d’abattage nécessaires à la préparation du banquet villageois où nous fêtions ainsi ces cadeaux de la nature. Dotée d’une grande réactivité et d’une écoute extra-sensorielle, j’ai effectué une grande partie de ma scolarité au collège des Oiseaux, puis au lycée des Cerfs, dans le département du Finistère. Grâce à l’option Barbecue que j’ai suivie avec assiduité et uniquement accessible aux lycéens chasseurs les plus avertis et les plus gourmands, j’ai pu ainsi me spécialiser dans les grillades et développer mon art culinaire du sanglier. Chaque épreuve pratique de mise en situation donnait lieu à un résumé précis de l’ordre des opérations que nous devions rédiger. Grâce à ces exercices littéraires de récit de chasse, j’ai ainsi pu combiner, tout au long de mon apprentissage, l’écriture et la chasse. Deux domaines apparemment éloignés mais qui se sont scindés à jamais dans un même appétit du monde.

Ayant découvert ma voie professionnelle, j’ai donc postulé pour le Master Professionnel Omnivores et Cétartiodactyles « Théorie et pratique de chasse » proposé par la Sorbonne Paris 1, et je suis arrivée première lors de l’annonce des résultats. A l’issue de cette formation, j’ai réalisé un Mémoire sur l’évolution des marcassins en milieu hostile, sous la direction de Maître Panoramix, obtenu avec la mention Très bien. Pour mon stage de fin d’année, j’ai choisi la filiale de la Fédération Nationale des Chasseurs implantée en Corse afin d’élargir mon champ de compétences à la famille des porcs sauvages, absolument fascinante et mystérieuse.

Le village m’a décerné, lors du banquet d’Honneur de fin d’année, la cuisse d’Or de Sanglier pour mon parcours scolaire valorisant cette faune de nos contrées.

Cependant, malgré tout l’intérêt que je porte à votre annonce, je me permets de vous préciser la grille des salaires éditée récemment par le Collectif des Chasseurs Bretons de Sangliers, en juillet dernier. Comme vous ne précisez pas de fourchette, je vous informe que mon statut de spécialiste exige un minimum de 4500 euros brut par mois, sans compter les aides au transport et les avantages en nature. En effet, il me semble normal d’exiger un certain nombre de gibiers gratuits pour chaque mission, chaque domaine ayant toujours ses avantages particuliers.

Dans l’attente d’une réponse éventuelle de votre part précisant ces derniers éléments, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, toute ma considération cynégétique.

Sara Fistole