Ikéa, à monter soi-même

Traitement de documents d’archives en suédois

Pour experte en tableaux, marchande d’art et historienne d’art. Il s’agira de traduire et classer des documents (livres, archives…) du suédois vers le français. Personnalité autonome et rigoureuse. Salaire : 417,08 euros. Paris 7e arrondissement.

Chère madame,

Ayant passé une année Erasmus en Suède dans le cadre des mes études d’Archives, je pense pouvoir correspondre parfaitement à votre profil. Depuis mon retour à Paris, je ne passe pas une semaine sans aller au Sauna de mon quartier, et pour évacuer la nostalgie de ces paysages d’hiver magnifiques, j’ai accroché au mur mes photos de Suède qui trônent tels des tableaux. Je donnerais tout pour replonger dans cet univers magique et il me semble enfin, grâce à votre annonce, que ce rêve redevienne à portée de main.

Afin d’écarter tout risque de malhonnêteté, je me dois néanmoins de vous préciser certains points. Etant seulement étudiante, je ne connais, de toute évidence, que le vocabulaire basique de la langue suédoise. Hélas je n’ai pas eu la chance de grandir dans ce pays, et je ne suis donc pas tout à fait bilingue. N’ayant pas encore validé mon Master d’Archives, je ne dispose pas non plus de toutes les compétences pour exercer parfaitement ce métier minutieux. Si j’ai appris à classer des dossiers dans l’ordre alphabétique, je ne maîtrise pas encore la manipulation délicate des parchemins. Vous n’avez d’ailleurs pas précisé quel type d’archives vous auriez besoin de classer. Je suis consciente de ces lacunes et j’espère les combler au plus vite, mais je suis également consciente qu’il sera difficile pour vous de trouver un traducteur français-suédois qui soit aussi archiviste de métier. Car il me semble qu’il s’agit là de deux métiers.

Par ailleurs, je ne doute pas que le marché de l’art soit en crise et que la vie dans le 7e arrondissement doit être bien chère. Mais permettez-moi de vous signaler que le montant de 417,08 que vous proposez comme rémunération se situe bien au-dessous du seuil de pauvreté, défini par l’INSEE à 795 euros par mois pour une personne seule. Je sais bien que cette limite est peu évoquée voire inexistante dans cet arrondissement, mais une telle rémunération pour deux métiers à temps plein me paraît légèrement déplacée.

C’est pour cette raison qu’après réflexion, j’ai décidé de retirer ma candidature et de vous souhaiter bon courage dans vos recherches. Si vous le permettez, j’aimerais vous livrer un petit conseil : si par miracle vous parvenez à recruter ce malheureux stagiaire, offrez-lui au moins à manger, à défaut d’arrondir le chiffre de son salaire à 418 euros au lieu de 417,08.

Bien cordialement,

Sara Fistole.